ON NOUS ECRIT DE GOMA
Tandis qu’une actualité explosive détourne tous les regards vers le Proche Orient et l’Amérique de Trump, la RDC sombre à nouveau dans un chaos meurtrier. En quelques jours, la prise de Goma, capitale de la région du Nord Kivu, fin janvier, par des rebelles alliés du Rwanda a fait 3000 morts, 6000 blessés, 500 000 déplacés.
Et les épidémies guettent...
Comme toujours, depuis trente ans que dure ce conflit entre factions armées, attisé par la convoitise minière dans un des pays les plus pauvres du monde mais au sous-sol le plus riche, ce sont les populations civiles qui font les frais de l’horreur. Les femmes, tout particulièrement, « un nombre effrayant de femmes, dit un responsable de MSF actuellement sur place, sont victimes de viols et de violences sexuelles » dans cette nouvelle flambée de violence. Des femmes qu’un peu plus au sud, à Bukavu, Le Dr Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, « répare » inlassablement depuis trente ans. Bukavu, où Mères Pour la Paix a aussi un programme de soutien aux enfants du viol, aujourd’hui menacé par l’avancée des troupes rebelles, et d’où Thérèse Kulungu, avocate et longtemps bras droit du Dr Mukwege, nous fait parvenir ce témoignage.
« Ce que j'ai vécu pendant la guerre dans la ville de Goma est une chose qu'on ne peut souhaiter même à son pire ennemi. La ville a sombré dans le chaos, et chaque jour qui passe, l'espoir s'efface un peu plus.
Tout d'abord, les coupures d'électricité imposées par ceux qui se battaient ont plongé la ville dans l'obscurité, entraînant aussi l'arrêt de l'approvisionnement en eau. Il fallait chercher de l’énergie pour recharger les téléphones, une tâche devenue une lutte quotidienne, tandis que l'insécurité gagnait du terrain.
Les tirs à l’arme lourde et légère résonnaient sans cesse, les pillages se multipliaient, et la mort était omniprésente.
Des hommes en uniforme, identifiés comme des FARDC et Wazalendo, tentaient de résister, tandis que des prisonniers en fuite semaient le chaos. Les cadavres jonchaient les rues, et l’horreur devenait le quotidien des habitants.
Aujourd’hui, Goma est à genoux. Le slogan "Goma ne tombera jamais" n’a plus sa place. Tous ceux qui disaient "Goma ma base" ont disparu. Même l’esprit de solidarité du "Shida yako shida yangu" semble s’effacer sous le poids de la souffrance. Cette guerre a brisé la confiance, la solidarité, le travail et l’unité qui faisaient la force de la ville.
Les familles errent dans la ville, sans abri, cherchant désespérément un refuge dans des écoles, des églises, ou encore dans les pays voisins. L’exode est devenu la seule option pour beaucoup. Les enfants ne vont plus à l'école, les commerces ont repris froidement pour les uns, et la peur est devenue permanente.
La souffrance de #Goma est indescriptible. Ceux qui tentent d’en parler le font de loin, car beaucoup ont dû fuir pour sauver leur vie. La ville a été abandonnée à son sort, livrée à la violence et à l’oubli, pendant que le monde détourne le regard.
À tous ceux qui demandent "Est-ce que ça va ?", la réponse est claire : Non, ça ne va pas ! Et peut-être que ça n’ira jamais tant que cette guerre continue d’anéantir des vies innocentes. Ne nous demandez plus si ça va, demandez-vous plutôt comment agir pour que cela cesse, comment venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.
Il est temps que le monde ouvre les yeux sur la tragédie de Goma. Ne restons pas silencieux face à cette catastrophe humanitaire. L'histoire retiendra ceux qui ont regardé sans rien faire.
*#SOS Goma #Paix PourGoma*
(Texte anonyme)